Baromètre de la formation professionnelle 2024 : analyse du financement, des enjeux et des perspectives
Dans un monde du travail en constante évolution où de nombreux changements, qu’ils soient numériques, économiques, sociétaux ou environnementaux, se produisent, la formation professionnelle est un levier stratégique au sein des entreprises. Afin de comprendre tous les enjeux de ce domaine, une enquête a été réalisée auprès d’environ 1 000 actifs (décideurs, professionnels de la formation, managers et collaborateurs) pour établir le 2ᵉ baromètre de la formation professionnelle. Voici les principaux enseignements de cette étude.
La formation professionnelle, un pilier pour l’avenir
Les résultats du baromètre mettent en évidence l’importance accordée par tous les actifs de l’entreprise à la formation pour évoluer professionnellement. En effet, 93 % des sondés sont conscients de l’importance de la formation et considèrent qu’ils sont acteurs de leur développement de compétences. Le contexte économique, écologique, sociétal et les mutations rapides, notamment numériques, qui affectent le monde du travail font de la formation un outil indispensable pour affronter l’avenir. Ainsi, 83 % des actifs se disent prêts à se former en dehors de leur temps de travail. Il est intéressant de noter que les personnes âgées de 35 à 49 ans (45 %) et de 50 à 59 ans (42 %) sont les plus enclines à investir davantage de temps et d’argent pour rester compétitives. En outre, 72 % des répondants pourraient envisager de dépenser de l’argent pour se former.
Ces résultats témoignent d’une certaine crainte de l’avenir de la part des salariés français. En effet, les technologies évoluent rapidement, les métiers se transforment et les actifs ressentent le besoin de renforcer leurs compétences pour rester attractifs sur le marché de l’emploi. Les managers ne sont pas épargnés par cette tendance, seulement 18 % d’entre eux se sentent totalement confiants face à l’évolution de leur métier.
Le financement de la formation, un enjeu majeur pour les décideurs
Le baromètre s’est également intéressé à la question du financement de la formation, en interrogeant les décideurs en la matière. Plusieurs enseignements ont été obtenus. Tout d’abord, la majorité des décideurs estime que les dépenses de formation se sont stabilisées voire ont augmenté en 2023, contrairement aux résultats du précédent baromètre, qui faisait état d’une diminution des dépenses. Ensuite, 63 % des entreprises estiment ne pas être suffisamment accompagnées par leur Organisme Paritaire Collecteur Agréé (OPCO) dans la recherche de financement. En analysant ces résultats par secteur d’activité, on constate que l’industrie est le secteur qui se déclare le plus accompagné (78 %), alors que les domaines de la banque-assurance (89 %) et du juridique (82 %) se disent insuffisamment accompagnés.
De plus, les résultats varient également selon la taille des entreprises. Les travailleurs indépendants et les petites entreprises se sentent peu accompagnés. En revanche, les entreprises de 20 à 50 salariés semblent plus satisfaites de l’accompagnement de leur OPCO.
Concernant les dispositifs de financement les plus utilisés par les responsables formation, en dehors du plan de développement des compétences, le Compte Personnel de Formation (CPF) coconstruit est en tête (41 %), suivi par le Fonds National de l’Emploi (FNE) (18 %), le Plan de Transformation Professionnelle (PTP) (17 %) et la Pro-A (14 %). Les entreprises soutiennent également les salariés dans la constitution de leur dossier CPF, avec des abondements allant de moins de 500 € à plus de 2000 €.
Les pratiques évoluent et les perspectives pour la formation de demain
Les mutations en cours, qu’elles soient liées au numérique, avec l’introduction de l’intelligence artificielle dans les entreprises, ou sociétales, avec le recul de l’âge de la retraite par exemple, ont un impact direct sur les services formation, les métiers et les compétences. 40 % des décideurs formation ne constatent aucun changement concret dans leur métier suite au renforcement de l’intelligence artificielle, alors que seulement 19 % en perçoivent directement les effets. Bien que 65 % d’entre eux se disent plutôt confiants face à l’arrivée imminente des nouvelles technologies, les 35 % restants s’inquiètent.
Le baromètre s’intéresse également aux ressources préférées des décideurs formation pour mener à bien leurs missions. La majorité d’entre eux (78 %) expriment le besoin de fiches pratiques, suivis par 68 % qui préfèrent les webconférences gratuites et 59 % qui privilégient les articles de veille publiés par des médias spécialisés. En ce qui concerne le contenu de ces ressources, les décideurs préfèrent la veille pratique sur leur métier et la veille juridique, ce qui est logique pour rester informés des nouvelles réglementations et des pratiques dans le domaine de la formation.
Enfin, en ce qui concerne les intentions de formation pour l’année à venir, 61 % des répondants affirment suivre au moins une formation dans les prochains mois. Parmi ceux qui sont indécis, 32 % déclarent ne pas avoir suffisamment de temps à consacrer à la formation et 26 % estiment qu’ils n’ont pas besoin de se former. Néanmoins, certaines formations semblent essentielles dans les cinq prochaines années, notamment les soft skills, l’informatique liée à la digitalisation, le management, la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), l’intelligence artificielle, les formations réglementaires obligatoires, ainsi que les langues étrangères. La formation en présentiel reste la modalité privilégiée par 80 % des sondés. En termes de recherche de formations, les décideurs privilégient Internet via les moteurs de recherche (75 %) et les sites spécialisés (72 %), mettant en évidence l’importance de la digitalisation dans ce domaine.
L’année 2024 s’annonce riche et passionnante en termes d’engagement des collaborateurs, de financement de la formation et de montée en compétences nécessaires pour faire face aux évolutions en cours et à venir. Les décideurs formation pourront utiliser leur arme secrète, le marketing de la formation, pour promouvoir une véritable culture de l’apprentissage au sein de leur entreprise. Le mot d’ordre est de susciter toujours plus l’envie d’apprendre.